mardi 25 novembre 2008

Investir, ce n'est pas de la philanthropie.

Le projet Éléphant a fait les manchettes dernièrement et j'ai pris quelques minutes ce matin pour regarder ça de plus près, mon intérêt pour le septième art y étant surement pour quelque chose.

Comme on l'explique sur le portail du projet, Éléphant « a pour but d’assurer l’accessibilité, la pérennité et le rayonnement du patrimoine cinématographique québécois. »

« Dans le cadre de ce projet, quelque 800 longs métrages québécois seront petit à petit transférés sur support numérique (conventionnel et HD). »

« Une fois numérisés, ces longs métrages québécois seront progressivement déposés sur la plateforme de télévision numérique illico sur demande de Vidéotron. Les films seront donc accessibles en tout temps, vingt-quatre heures par jour, sept jours par semaine. »

« De plus, à l'exception d'un montant minimal destiné à couvrir une partie des frais d’opération de la plateforme, la totalité des revenus provenant de la diffusion de ces films sera versée aux créateurs et artisans du cinéma québécois, de telle sorte que Québécor ne réalisera aucun profit. »

J'ai cru à un acte de philanthropie du président de Québécor, Pierre Karl Péladeau, lorsque la nouvelle est sortie, mais je réalise encore une fois que je dois toujours être prudent avec mes premières impressions.

Je précise tout de suite un élément important pour que je considère un geste comme réellement philanthropique : je ne dois pas voir un intérêt, un avantage ou un profit quelconque dans le geste posé.

Et c'est pour ça que ce geste n'est pas de la philanthropie à mes yeux.

Ce qui n'est pas un détail, c'est que tous ces films seront disponibles par le biais du service illico sur demande de Vidéotron alors que l'on parle de large diffusion sur le portail du projet Éléphant tout en mentionnant que Québécor ne fera aucun profit.

Je ne pense pas me tromper en affirmant que le service illico ne couvre qu'une partie du territoire québécois (parlez-en à ceux qui vivent en régions rurales ou éloignées).

Le Québécois vivant hors Québec (au Canada anglais, aux É.-U., en France ou ailleurs) n'aura malheureusement pas accès à notre cinématographie tout comme le reste de la Francophonie. Dans ce contexte, je vois mal comment on peut parler de large diffusion pour le projet Éléphant.

De plus, illico sur demande sous-entend l'acquisition d'un appareil illico et l'abonnement au service câble de Vidéotron. Je suis intimement convaincu que Québécor tire un profit de ces services.

En terminant, même si c'est un détail mineur, il y a l'adresse du portail Éléphant qui m'a fait sourciller lorsque j'ai finalement trouvé le site du projet.

J'ai essayé quelques adresses (elephant.ca, elephant.qc.ca, elephant.com, projetelephant.ca, projetelephant.qc.ca, projetelephant.com) avant de m'en remettre à Google pour atterrir sur elephant.canoe.ca (j'aurais dû y penser, mais ce ne fut pas le cas).

Je sais que je ne suis pas le seul internaute qui apprécie trouver un site possédant une adresse évidente plutôt que de devoir se taper une recherche (suggestion : projetelephant.qc.ca et projetelephant.com sont disponibles).

Je préfère quand même voir naître le projet Éléphant que voir notre cinématographie dormant sur des tablettes. Après tout, le système de paiement génèrera un revenu après un prélèvement destiné à couvrir une partie des frais d’opération de la plateforme. Si minime soit-il, c'est mieux que rien.

Je souligne le geste de M. Péladeau : ce n'est pas tous les hommes d'affaires qui auraient fait un tel placement et il est en droit d'attendre un retour sur son investissement. Même si ce n'est pas de la philanthropie à mes yeux, son geste l'honore.

Je regrette seulement de ne pouvoir être client dans ce projet et découvrir (et redécouvrir dans certains cas) des chefs-d'oeuvre de notre patrimoine.

Il n'y a qu'une question à laquelle je nai pas trouvé réponse : Québécor a-t-elle des droits sur les films québécois numérisés? Autrement dit, serait-il possible d'offrir (moyennant rétribution) ces œuvres à toute la planète via un portail?

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