vendredi 28 novembre 2008

Contactez le SIDA

Au bulletin de 17 h de TVA hier soir, le chroniqueur Claude Poirier nous parlait d'une femme qui a « contacté » le SIDA. En fait, il voulait dire « contracté le SIDA », mais le direct est impitoyable.

Outre le fait que ce lapsus m'ait diverti sur le coup, je m'interroge aujourd'hui.

Je ne remets pas en cause l'expertise de M. Poirier dans le domaine des affaires policières (c'est le meilleur en son genre au Québec) , mais je me questionne sur la place que lui fait TVA sur les ondes.

Après tout, on parle de TVA ici, un média de communication où on entend des journalistes (Pierre Bruneau), des animateurs (Gino Chouinard) et des communicatrices (Claire Lamarche) sur une base régulière, des personnes qui maîtrisent bien la langue française.

Je ne dis pas que tous doivent bien manier le français pour passer à la télévision. Les gens de la rue font souvent la nouvelle et on les entend au petit écran (idem pour les spécialistes que l'on invite pour commenter les dossiers, les concurrents qui participent aux différents jeux-questionnaires, etc.).

Cependant, je m'attends à une langue de bonne qualité de la part des professionnels de la communication. La télévision joue un rôle important au Québec en regard de la langue alors que nous évoluons au sein d’un continent majoritairement anglophone.

TVA est la chaîne la plus écoutée et je m'attends à un bon français de la part des têtes d'affiche de ce diffuseur. Ce n'est pas comme si TVA était en manque de moyens ou mise en ondes par des amateurs.

Malheureusement, les erreurs de M. Poirier sont fréquentes et il arrive trop souvent que celles-ci détournent notre attention sur ses propos. Dans ces moments-là, on passe à côté de la nouvelle : c'est ce qui est le plus regrettable.

Le public serait tout aussi bien enrichi par la vaste expertise de M. Poirier s'il était amené à l'écran lorsque nécessaire. TVA remplirait ainsi mieux son rôle de diffuseur vis-à-vis la langue française.

mardi 25 novembre 2008

Investir, ce n'est pas de la philanthropie.

Le projet Éléphant a fait les manchettes dernièrement et j'ai pris quelques minutes ce matin pour regarder ça de plus près, mon intérêt pour le septième art y étant surement pour quelque chose.

Comme on l'explique sur le portail du projet, Éléphant « a pour but d’assurer l’accessibilité, la pérennité et le rayonnement du patrimoine cinématographique québécois. »

« Dans le cadre de ce projet, quelque 800 longs métrages québécois seront petit à petit transférés sur support numérique (conventionnel et HD). »

« Une fois numérisés, ces longs métrages québécois seront progressivement déposés sur la plateforme de télévision numérique illico sur demande de Vidéotron. Les films seront donc accessibles en tout temps, vingt-quatre heures par jour, sept jours par semaine. »

« De plus, à l'exception d'un montant minimal destiné à couvrir une partie des frais d’opération de la plateforme, la totalité des revenus provenant de la diffusion de ces films sera versée aux créateurs et artisans du cinéma québécois, de telle sorte que Québécor ne réalisera aucun profit. »

J'ai cru à un acte de philanthropie du président de Québécor, Pierre Karl Péladeau, lorsque la nouvelle est sortie, mais je réalise encore une fois que je dois toujours être prudent avec mes premières impressions.

Je précise tout de suite un élément important pour que je considère un geste comme réellement philanthropique : je ne dois pas voir un intérêt, un avantage ou un profit quelconque dans le geste posé.

Et c'est pour ça que ce geste n'est pas de la philanthropie à mes yeux.

Ce qui n'est pas un détail, c'est que tous ces films seront disponibles par le biais du service illico sur demande de Vidéotron alors que l'on parle de large diffusion sur le portail du projet Éléphant tout en mentionnant que Québécor ne fera aucun profit.

Je ne pense pas me tromper en affirmant que le service illico ne couvre qu'une partie du territoire québécois (parlez-en à ceux qui vivent en régions rurales ou éloignées).

Le Québécois vivant hors Québec (au Canada anglais, aux É.-U., en France ou ailleurs) n'aura malheureusement pas accès à notre cinématographie tout comme le reste de la Francophonie. Dans ce contexte, je vois mal comment on peut parler de large diffusion pour le projet Éléphant.

De plus, illico sur demande sous-entend l'acquisition d'un appareil illico et l'abonnement au service câble de Vidéotron. Je suis intimement convaincu que Québécor tire un profit de ces services.

En terminant, même si c'est un détail mineur, il y a l'adresse du portail Éléphant qui m'a fait sourciller lorsque j'ai finalement trouvé le site du projet.

J'ai essayé quelques adresses (elephant.ca, elephant.qc.ca, elephant.com, projetelephant.ca, projetelephant.qc.ca, projetelephant.com) avant de m'en remettre à Google pour atterrir sur elephant.canoe.ca (j'aurais dû y penser, mais ce ne fut pas le cas).

Je sais que je ne suis pas le seul internaute qui apprécie trouver un site possédant une adresse évidente plutôt que de devoir se taper une recherche (suggestion : projetelephant.qc.ca et projetelephant.com sont disponibles).

Je préfère quand même voir naître le projet Éléphant que voir notre cinématographie dormant sur des tablettes. Après tout, le système de paiement génèrera un revenu après un prélèvement destiné à couvrir une partie des frais d’opération de la plateforme. Si minime soit-il, c'est mieux que rien.

Je souligne le geste de M. Péladeau : ce n'est pas tous les hommes d'affaires qui auraient fait un tel placement et il est en droit d'attendre un retour sur son investissement. Même si ce n'est pas de la philanthropie à mes yeux, son geste l'honore.

Je regrette seulement de ne pouvoir être client dans ce projet et découvrir (et redécouvrir dans certains cas) des chefs-d'oeuvre de notre patrimoine.

Il n'y a qu'une question à laquelle je nai pas trouvé réponse : Québécor a-t-elle des droits sur les films québécois numérisés? Autrement dit, serait-il possible d'offrir (moyennant rétribution) ces œuvres à toute la planète via un portail?